« L’achèvement du ciel arriva enfin, / décomposa le jour en myriades / d’images de ton corps, blondit / l’aujourd’hui ».- Károly S. Pallai
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Il semblerait que la poésie peut dans sa modernité servir à un dosage d’expressions extra-textuelles , dans lequel ce que l’on dit passe avant ce que l’on voit et ce que l’on voit s’énonce à partir de ce que nous disent les images d’un constituant qui n’a pas échappé à notre entendement. Il est difficile de percer le mystère de l’écriture sans tenir compte d’une circonscription évènementielle, ou d’un cadre spatio-temporel. Le poète est parti d’un binôme poésie-langue ou poète-culture. Deux éléments qui schématisent l’espérance poétique dans le circuit où il aura à faire face à lui-même, dans la quête de sa vérité. Dana Shishmanian, dans son livre : « Mercredi Entre deux peurs » publié chez L’Harmattan dit : « Ecrire le vrai/ ton vrai/ rien d’autre » une manière de dire que le poète dans sa composition a son propre langage et les réalités qu’il peint passent par une recherche d’homogénéité et d’authenticité, qui se sont reliées par des effets de conscience.
Analysons maintenant l’investissement poétique de Soleils des Invincibles.
« Lumières blessées, présences
colonisées. Notre existence serait
restée d’une perspective dispersée,
d’écoutes amputées, de baisers nomades » K. S. Pallai
La poésie de Soleils Des Invincibles est comme une attestation de lumière intérieure dissipée dans la matière par le désir de voir le monde autrement. Comme un miroir ou l’on ne vient pas pour regarder son visage, mais pour le façonner. On dirait un appel à vivre les choses comme elles sont, et à les approcher comme elles devraient être.
« Soupirs jonchés d’ambre. Pâles bassins
de tes merveilles. Tu abrites un vent
de jaune infini. » K. S. Pallai
De « Vies en Antipodes, Erosions, Héroïnisme, Déplacement » nous lisons un recueil en mouvement dans sa forme comme dans le fond. C’est une interpellation de soupirs jonchés d’ambre comme le dit l’auteur. Il faut souligner aussi la présence d’une ritournelle et d’un jeu entrelacé entre l’impersonnel et l’être aimée qui à chaque instant fait corps avec le texte par la deuxième personne du singulier, on dirait un coup d’écart pour se rapprocher de l’objet fixé.
« Volupté au café du coin. Endroits
nomades déchirés par tes flammes
singulières. ruisseaux de couleurs.
des fantômes purs nous pardonnèrent
et chancelèrent sur ton seuil. » K. S. Pallai
Les lecteurs de Soleils des Invincibles sont invités à déguster la parole poétique de ce livre par l’apparence physique des mots, et si nous voulons jeter un regard vers les pensées magiques, nous trouverons qu’il n’y a jamais eu de nomination sans évocation de présence. En effet, Il n’y a jamais eu de mots-poème nous prouve le poète, car toute création passe par une entrée par effraction de l’imaginaire dans le quotidien des hommes.
Anderson Dovilas
Linguiste-Ecrivain
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Repère :
Károly Sándor Pallai est chercheur doctorant à l’Université de Budapest – ELTE. Il consacre ses recherches aux littératures francophones contemporaines de la Caraïbe, de l’océan Indien et du Pacifique. Focalisant sur l’interculturel et l’interdisciplinaire. Il travaille pour la diffusion et la recherche des littératures francophones avec des au
teurs et théoriciens engagés de plusieurs pays. Il est membre de l’AIEFCOI (Association Internationale d’Études Francophones et Comparées sur l’Océan Indien). Il est le concepteur, le fondateur et l’éditeur en chef de la revue électronique Vents Alizés, conçue pour assurer une diffusion d’accès libre étendue aux auteurs de l’océan Indien, de la Caraïbe, du Pacifique et d’ailleurs. Il écrit et publie des poèmes en français, en anglais, en créole seychellois et en hongrois.